ALAIN ENJALBERT
Encore Jean-Baptiste
Dimanche 13 décembre 2020 - évangile selon St Jean, chapitre 1, versets 6 à 8 et 19 à 28
Pour lire l'évangile du jour, utilisez le lien https://www.aelf.org/bible/Jn/1
Que dis-tu de toi-même ?
“ Je suis la voix de celui qui crie dans le désert ” (verset 23)
Avec ce troisième dimanche de l’Avent, c’est encore la figure de Jean-Baptiste que la liturgie nous présente. Mais, bien sûr, tout ce que l’évangéliste nous dit de lui a pour unique objectif de nous tourner vers Jésus.
Si l’on écoute le texte de ce jour, Jean baptiste est “un homme envoyé par Dieu” (verset 6). Il est venu “comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière” (verset 7). Il n’est ni le Christ, ni Elie, ni le prophète annoncé ; il est “la voix de celui qui crie dans le désert”. Et qui crie quoi ? Que le moment est venu, que le temps est accompli, que le jour nouveau commence : “au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas” (verset 26).
A l’évidence, ce que cette figure de Jean-Baptiste interroge en nous, c’est notre attitude de témoins. Dans un monde qui semble ignorer assez largement la bonne nouvelle de Jésus, dans une époque où le visage de Dieu est largement défiguré au nom d’extrémismes divers, dans un temps où les dangers divers limitent même nos retrouvailles entre chrétiens, où en sommes-nous de notre capacité à témoigner ?
Cathédrale de Lille (Nord)
Et d’abord, en avons-nous seulement le désir ? Est-ce que j’ai envie de dire à d’autres : « oui, je crois que Jésus est vraiment au milieu de nous » ? Est-ce que je me sens en charge de témoigner de la lumière qu’il apporte dans ma vie ? Quelle disponibilité, quelle énergie, quel temps est-ce que je consacre à essayer de dire ma joie de croire à d’autres ?
Et lorsque ce désir m’habite d’essayer de témoigner de ma foi, que dis-je de ce Jésus dont je parle ? Est-il celui que Jean-Baptiste annonce, quitte à crier dans le désert ? Est-il une espérance pour tout homme ? Est-il celui qui donne courage et force ? Est-il celui qui n’exclut personne et surtout pas les moins dignes, les moins qualifiés, les moins aux normes ? Est-il celui qui remet debout à commencer par ceux que la vie écrase ?
Au fond, la question posée à Jean-Baptiste par les juifs nous revient en boomerang : “que dis-tu de toi-même ?” (verset 22). Nous, croyants, en marche vers Noël, veilleurs guettant l’aube nouvelle, voix dans le désert d’aujourd’hui, que disons-nous de nous-mêmes ? Que disons-nous de notre essentiel ?
Alain ENJALBERT
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Bandeau : fresques de Nicolas Greschny, église de Saint-Victor-et-Melvieu (Aveyron)
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Jean-Baptiste
Jeudi 10 décembre 2020 - évangile selon St Matthieu, chapitre 11, versets 11-15
Pour lire l'évangile du jour, utilisez le lien https://www.aelf.org/bible/Mt/11
Accomplissement des prophéties
“ C’est lui le prophète Elie qui doit venir ” (verset 14)
Dans l’évangile de Matthieu, c’est Jésus lui-même qui explique aux foules qui est Jean le Baptiste. Il le fait alors que Jean-Baptiste est en prison et s’interroge sur Jésus : est-il “celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?” (Mt 11,3). Après le départ des envoyés de Jean, Jésus rend compte de la personne et du rôle de Jean dans son histoire. Qui est-il, ce Jean ? “Un roseau agité par le vent …, un homme habillé de façon raffinée …, un prophète …, un messager …” (Mt 11,7-10). Et c’est notre texte du jour.
Avec Jésus, une étape de la révélation de Dieu à son peuple s’achève. Depuis des milliers d’année, peu à peu, au travers des évènements de l’histoire du peuple juif et des paroles des prophètes, Dieu s’est fait connaître à son peuple. Il est le Dieu de l’alliance, le Dieu qui a choisi un peuple qui témoignera de son amour. Avec Jésus, une deuxième phase commence : Dieu lui-même vient en humanité pour inaugurer son grand projet du royaume. Et Jean-Baptiste est à la charnière de ces deux alliances. Il est le dernier, le plus gand des prophètes "et même plus qu'un prophète" (verset 9). Mais il est encore dans la première alliance. Désormais, le royaume de Dieu commence. Dieu est là, présent en Jésus. Du coup, “le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui” (verset 11).
Dans l’Ancien Testament, tout un passage de la Bible raconte les actions du prophète Elie. On trouve ça au 1er Livre des Rois à partir du chapitre 17. Et son histoire se termine au 2ème Livre des Rois, chapitre 2 : “Ils étaient en train de marcher tout en parlant lorsqu’un char de feu, avec des chevaux de feu, les sépara. Alors, Élie monta au ciel dans un ouragan.” (verset 11) Petit à petit, en Israël, une légende s’est construite : le grand prophète Elie n’est jamais mort puisqu’il a été enlevé par Dieu dans un char de feu. Il reviendra, quand les temps seront accomplis, pour attester que le royaume est là.
Ce que Matthieu fait dire à Jésus, c’est que ce “retour d’Elie” s’est opéré en Jean-Baptiste. Désormais les prophéties sont accomplies. Le royaume est là. Et depuis, nous vivons dans le temps du royaume, en train de grandir peu à peu, comme une petite graine semée dans un champ, comme un peu de levain placé au cœur de la pâte à pain.
Le royaume est là, savons-nous le voir, le reconnaître, participer à sa croissance ?
Alain ENJALBERT
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Être des hommes debout
Lundi 7 décembre 2020 - évangile selon St Luc, chapitre 5, versets 17 à 26
Pour lire l'évangile du jour, utilisez le lien https://www.aelf.org/bible/Lc/5
Le service fraternel
“ Je te le dis, lève-toi ” (verset 24)
Je suis sûr que vous voyez bien la scène du film que nous raconte saint Luc. Jésus est assis et, autour de lui, en rond, il y a foule. Au premier rang, faisant barrage, “les pharisiens et les docteurs de la loi”. C'est-à-dire les intellectuels, les savants, ceux qui maîtrisent bien les règles et les lois. Et autour d’eux, des gens “venus de tous les villages de Galilée et de Judée ainsi que de Jérusalem” (verset 17). En voilà du monde … au point que lorsqu’on veut faire approcher un homme paralysé sur sa civière, il n’y a pas d’autre solution que de faire un trou dans le toit, que d’entrer par effraction.
Alors “voyant leur foi [Jésus] dit : « homme, tes péchés sont pardonnés »” (verset 20). C’est surprenant, non ? Le pardon des péchés du paralysé n’est pas lié au fait qu’il demande pardon. Il n’est pas lié à sa conversion. Il n’est pas lié à la reconnaissance de son état de pécheur. Jésus prononce une parole d’absolution … en voyant la foi des copains qui l’ont amené jusque là. L’homme va retrouver son intégrité spirituelle et même ses capacités physiques, à cause de la confiance de ses amis.
C’est comme si l’évangéliste nous disait : attention, ne vous y trompez pas, votre vie vous est donnée parce qu’elle est portée par la foi des autres. Vous imaginez ça, vous ? Nous qui pensions essayer de faire ce qu’il faut pour être des gens corrects, des gens pieux, des gens dignes aux yeux de Dieu, voilà que ce qui nous remet debout, c’est le courage, le soin, le service, la confiance de ceux qui nous entourent.
Je soupçonne qu’un certain nombre de malades hospitalisés ces temps-ci ont fait cette expérience-là. Ce sont les énergies et les engagements des soignants qui ont pris soin d’eux ; ce sont les attentions et l’affection des proches qui portaient souci d’eux ; ce sont les prières et la confiance d’amis et d’inconnus parfois qui les ont accompagnés ; ce sont les autres qui les ont remis debout. Sommes-nous assez attentifs pour reconnaître, comme les spectateurs de la scène de l’évangile, que “nous avons vu des choses extraordinaires aujourd’hui ” (verset 26) ?
Nous pourrions ne lire cette séquence d’évangile que comme un miracle de plus de Jésus. Belle histoire à admirer … mais qui ne nous engage pas à grand-chose ! Vous sentez bien qu’il y a plus en jeu dans cette affaire. Il s’agit de notre capacité à être des hommes et des femmes debout, réconciliés, pardonnés si nous savons prendre appui sur nos frères.
Dites, et si eux aussi comptaient sur nous pour être des hommes debout ?
Alain ENJALBERT
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Bandeau : fresques de Nicolas Greschny, église de Saint-Victor-et-Melvieu (Aveyron)
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L’espérance et la foi
Vendredi 4 décembre 2020 - évangile selon St Matthieu, chapitre 9, versets 27 à 31
Pour lire l'évangile du jour, utilisez le lien https://www.aelf.org/bible/Mt/9
Aveugle, c’est bien !
“Croyez-vous que je peux faire cela ?” (verset 28)
De façon assez étonnante, saint Matthieu raconte deux fois cette histoire des deux aveugles guéris. Nous les trouvons ici, au chapitre 9, et nous les trouvons également au chapitre 20, versets 29 à 34. Et les deux récits ne sont pas absolument identiques. Dans les deux cas, Jésus est en route et il est interpellé par deux aveugles qui crient “Prends pitié de nous, fils de David” (9,27 et 20,30). Et c’est ensuite que ça change. Des deux côtés Jésus questionne : “Que voulez-vous que je fasse pour vous ?” (20,32) et ici “Croyez-vous que je peux faire cela ?” (9,28). Et les deux histoires se terminent par la même happy end : Jésus les touche et leurs yeux s’ouvrent.
En remarquant cette répétition dans le livre de Matthieu, on est bien sûr attiré par cette question différente. Il est évident que c’est à nous que ces phrases sont destinées, nous lecteurs d’aujourd’hui.
“Que voulez-vous que je fasse pour vous ?” Ce sont nos désirs qui sont interrogés, nos attentes, nos besoins. Dans notre vie d’homme ou de femme, dans notre histoire quotidienne, qu’est-ce que nous voulons que le Seigneur fasse pour nous ? Quand nous nous tournons vers lui, qu’est-ce que nous lui demandons, de quoi lui parlons-nous, quelle espérance nous habite ?
“Croyez-vous que je peux faire cela ?” Et là, c’est notre foi qui est questionnée. Au fond, quelle confiance est-ce que je place dans mon lien au Seigneur ? Claude écrivait hier : « je me souviens que Jésus nous dit dans un autre passage de l’évangile “Demandez et on vous donnera ”, (Mt 7,11). » Et moi, suis-je bien convaincu que cette confiance est possible ?
La pandémie que nous vivons, la crise que nous traversons, les difficultés du moment sont peut-être l’occasion de donner toute sa vigueur au temps de l’Avent, au temps de l’attente, au temps de la veille. C’est le moment ou jamais de se poser les bonnes questions sur la vérité de notre vie spirituelle. A moins que nous ne préférions rester dans l’aveuglement finalement si simple et si paisible !
Alain ENJALBERT
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Les sages et les savants
Mardi 1er décembre 2020 - évangile selon St Luc, chapitre 10, versets 21 à 24
Pour lire l'évangile du jour, utilisez le lien https://www.aelf.org/bible/Lc/10
C’est ma prière !
“Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange” (verset 21)
Luc vient de raconter comment Jésus a envoyé 72 disciples en mission, deux par deux, pour qu’ils annoncent l’arrivée du Règne de Dieu. De retour, les disciples lui rendent compte de la mission : ça s’est bien passé (Luc 10, 1-21). Et l’évangéliste nous présente alors cette scène extraordinaire de la joie de Jésus qui explose dans sa prière. C’est notre texte d’aujourd’hui.
Quand Jésus est empli de joie, quand il exulte, il s’adresse au Père pour proclamer sa louange. Cela m’a interrogé sur ma propre prière. D’habitude, je suis assez bon pour demander des choses à Dieu ; c’est ce qu’on appelle la prière de demande. Il m’arrive aussi régulièrement de lui parler de personnes qui se sont confiées à moi, ou de mes parents, de mes amis, de mes proches : c’est la prière d’intercession. Je sais aussi reconnaître que je pactise souvent avec le mal : c’est alors une prière de demande de pardon. Et quand même, il m’arrive de lui dire merci, merci des belles choses de ce monde, merci des belles œuvres des gens : c’est la prière d’action de grâce.
Mais la prière de louange, la prière gratuite de contemplation, la prière d’exultation, la prière de reconnaissance joyeuse de la gloire du Seigneur, ça, je ne sais pas trop faire. Et c’est dommage, parce que c’est la prière de Jésus. Il faudrait que je m’y mette ! A propos, et vous, où en êtes-vous de votre prière ? Quand vous vous adressez au Seigneur, dans quelle attitude êtes-vous ?
Jésus exulte et entre en louange parce que “ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits” (verset 21). L’annonce de la venue du Royaume est reconnue par les simples, les pauvres, les petits, les gens de tous les jours, alors que les sages, les intellectuels, les savants doutent davantage. Ou, plus exactement, selon saint Luc, ce que les tout-petits comprennent instinctivement et pas les sages, c’est que la venue du Royaume, c’est la même chose que la présence de Jésus.
Et c’est bien à cette reconnaissance que l’Avent nous prépare : accueillir le Seigneur et comprendre qu’avec lui, c’est le Royaume que l’on accueille. Alors “heureux [seront] les yeux qui voient ce que vous voyez !” (verset 23) Il ne tient qu’à nous d’en être.
Alain ENJALBERT
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Bandeau : fresques de Nicolas Greschny, église de Saint-Victor-et-Melvieu (Aveyron)
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